4 techniques pour dire « NON » !


Une proche me dit hier soir avec angoisse qu’on lui a demandé de l’argent à prêter et qu’elle se sent incapable de refuser. Classique. Car s’il y a bien une raison pour laquelle les formations consacrées à l’assertivité, l’affirmation de soi si vous préférez, ont du succès, c’est ça : apprendre à dire « NON ».

Je vous propose aujourd’hui, à travers cet exemple, de découvrir ou redécouvrir différentes techniques pour dire « NON ». Après tout, si la demande est l’un des domaines de l’assertivité, si oser demander est LA clef du succès (voir l’article à ce sujet dans http://acteurdevotrevie.be/le-3e-secret-de-la-roue-du-succes/), réagir à la demande en est un autre.

L’assertivité, rappelons-le, n’est pas une finalité en soi. Elle est un moyen pour opérer ses propres choix, décider par soi et pour soi, sans suivre les diktats des autres, sans imposer les siens, ni par la ruse (manipulation), ni par l’agressivité. Elle est un moyen pour être plus libre.

Pourquoi n’osons-nous pas dire « NON » ?

Il y a sûrement de nombreuses réponses possibles à cette question, mais sans doute la plus redoutable, la plus sournoise, tient en une croyance limitative : « si je te dis « NON », tu vas peut-être ne plus … m’aimer. » Alors nous faisons plaisir, nous abdiquons et courbons l’échine, et nous ne sommes probablement pas plus ou pas mieux aimés pour autant.

Ne pas se respecter soi, ne pas respecter ses propres désirs, ses propres valeurs, ouvre davantage la brèche pour que les autres, à leur tour, ne nous respectent pas.

Et Herbert Bayard Swope d’ajouter que s’il ne connaît pas la recette du succès, il connaît celle de l’échec: vouloir plaire à tout le monde.

Dans le cas qui illustre cet article, c’est la culpabilité qui surgit. Et les autres, les demandeurs, attentifs aux moindres signaux de doute comme le requin détecte la goutte de sang, se ruent dans la brèche et manipulent à tout va. Le piège se referme :

  • « Mais je te le rendrai tu sais, avec des intérêts. »
  • « Si tu ne me prêtes pas cet argent, je suis foutu(e). »
  • « Sans ce montant, je n’ai pas les moyens de me soigner. »
  • « Je n’ai plus qu’à me suicider, mais je comprends ta position, ne t’inquiète pas. »

Première technique : postposer pour se préparer

Botter en touche quand vous êtes pris au dépourvu est mieux que de dire oui. Vous aurez tout le loisir de vous préparer alors en utilisant les techniques les plus efficaces, qui ne le seront QUE si vous avez répété.

« Je ne peux pas te donner de réponse comme ça, ex abrupto. Je vais y réfléchir. »

Si l’autre insiste, répétez inlassablement : « Je vais y réfléchir. » Cette technique est celle du disque rayé. J’y reviendrai.

Pendant cette respiration, ce temps de latence, réfléchissez donc à ce que vous voulez POUR VOUS. Sondez votre cœur, scrutez vos intentions. Quelle est vraiment la réponse que vous voulez donner ? Cette réponse est-elle alignée avec vos valeurs ? Serez-vous frustré en disant OUI ou en disant NON. Un « OUI ET » est-il envisageable ?

Les réponses à ces questions vous donneront votre objectif. Après, penchez-vous sur les moyens de l’atteindre, choisissez le chemin le plus efficace pour vous.

Deuxième technique : le sandwich ou le non diplomatique

Commencez par du positif et terminez par du positif.

Par exemple :

  • « Je comprends que tu aies besoin de cet argent. » Sous-entendu : tu as le droit de le demander.
  • « Je ne peux pas te le prêter. » C’est votre NON.
  • « Mais si tu le souhaites, je peux te donner le numéro de mon courtier en crédits qui a l’art de se décarcasser et de trouver des solutions très créatives. » Je propose quand même une piste de solution.

Cette technique est pour ainsi dire la seule que je recommande dans une relation commerciale. Elle a l’avantage d’être douce.

Troisième technique : le double NON

Vous pouvez également opter pour une structure composée de 5 étapes :

  • « Je comprends que tu aies besoin de cet argent. »
  • « Ce n’est pas possible pour moi, je ne peux pas te le prêter. » Il s’agit de votre premier NON.
  • « La dernière fois que j’ai prêté de l’argent à un ami, cela s’est mal passé, et notre amitié n’y a pas survécu. » Il s’agit de la raison.
  •  « Je n’ai donc plus confiance et préfère ne pas mêler l’amitié et l’argent. » Il s’agit de votre sentiment… donc de la vraie raison !
  • « C’est pour cela que je ne te prêterai pas l’argent. » Et voici votre deuxième NON.

Attention, la raison est parfois dangereuse à évoquer car l’autre alors, choisit cet angle pour attaquer ou manipuler :

« L’amitié me semble-t-il, c’est justement d’aider son ami quand il est au fond du puits, non ? Et puis, je ne suis pas cet ami dont tu parles, avec qui ça s’est mal passé. J’ai toujours tenu mes engagements vis-à-vis de toi. Je n’ai JAMAIS failli. »

La discussion s’engage maintenant sur une autre voie, l’attention est détournée et vous risquez bien de vous justifier, de perdre pied.

Dans certains cas dès lors, vous ne donnerez pas la raison. Imaginons, par exemple, que votre employeur vous demande de venir travailler un samedi matin. Vous avez prévu de rester chez vous, de vous reposer. Vous en avez besoin.

Vous : « Je comprends que tu aies besoin de personnel samedi. Ce n’est pas possible pour moi, je suis désolé(e). »

Le demandeur : « Mais pourquoi ? »

Vous : « J’ai déjà des engagements. »

Le demandeur : « Mais quels engagements ? »

Vous : « C’est personnel. J’ai d‘autres engagements et je ne peux pas m’y soustraire. »

Si vous déclarez la raison, voici ce qui peut arriver :

Vous : « Je comprends que tu aies besoin de personnel samedi. Ce n’est pas possible pour moi, je suis désolé(e). »

Le demandeur : « Mais pourquoi ? »

Vous : « Je suis épuisé(e), réellement, j’ai besoin de débrancher la fiche de la prise. »

Le demandeur : « C’est vrai, nous sommes tous fatigués, mais tu auras tout ton dimanche pour te remettre sur pied ! »

Et hop, vous voici attaqué sur la raison.

Dans cet exemple (comme dans des tas d’autres), si vous êtes un minimum concerné par les résultats de votre entreprise ou organisation, pensez à proposer des solutions ! Devenir plus assertif ne signifie pas devenir pitbull et dire NON par réflexe.

A table : « Tu peux me passer la bouteille d’eau, STP ? »

Vous : « Non. Regarde mon front : y a écrit serveur peut-être ? »

L’assertivité est aussi une élégance, tant que c’est possible en tout cas, tant que l’autre ne vous impose pas, par son insistance, par ses jeux de manipulations ou ses attaques, de devenir ferme, direct et donc moins élégant.

Il y a encore une quatrième technique, plus radicale.

Quatrième technique : le NON ferme

  • « Non, ce n’est pas possible, je ne peux pas te prêter cette somme. » Premier NON.
  • « Je suis sincèrement désolé d’apprendre que tu as de gros problèmes financiers. » Empathie. 
  • « Ce n’est vraiment pas possible. »
  • « Ce n’est pas possible. »
  • « Vraiment, ce n’est pas possible. » Vous avez reconnu le disque rayé !
  • « Cela me gêne que tu insistes. » Ici, vous grimpez dans les étapes de la fermeté, en pratiquant le métacommentaireMéta signifiant « hors de », vous commentez donc le commentaire, mieux, vous commentez le processus, à savoir, la tactique de l’autre. Cette technique est à utiliser avec modération, parcimonie car elle est violente.

Il vous reste enfin, au besoin, à tendre légèrement le bras vers le demandeur devenu agresseur, paume vers lui (ne pointez jamais du doigt !), voire à quitter le lieu. Inutile de rester sous les bombes, mettez-vous à l’abri !

Le métacommentaire sera bienvenu encore quand les attaques fuseront :

L’attaquant : « Tu auras ma mort  sur la conscience. »

Vous : « Tu tentes de me culpabiliser mais ça ne marche pas. »

Le recadrage est aussi pertinent, surtout si l’attaquant mélange les genres :

L’attaquant : « Je pensais que tu étais un ami, un vrai. Je me trompais lourdement. »

Vous : « Justement, c’est pour préserver notre amitié que je préfère ne pas te prêter cet argent. Je suis ton ami(e), pas ton banquier. Je tiens à le rester. »

Comment le dire ?

Vous savez désormais quoi dire. Reste le comment !

Dites-le DANS les yeux. Ne baissez ni le regard ni la tête. Ne bougez pas. Soyez aussi détendu et relâché que possible, concentrez-vous sur votre respiration diaphragmatique plutôt que sur les pensées anxiogènes qui généreront plus d’anxiété encore, plus d’angoisse, concentrez-vous sur votre objectif.

Ne balancez pas d’un pied sur l’autre, ne vous contorsionnez pas. Tenez-vous droit, souple mais droit. Prenez le temps de dire les choses. Un débit rapide est un signal pour l’autre que vous êtes mal à l’aise. Le requin pourrait réattaquer. Soyez économe dans votre gestuelle. TENEZ BON.

Deux derniers conseils

Comme souvent, le théâtre vient à me rescousse pour réussir cet exercice : REPETEZ !

Répétez à haute voix, faites des jeux de rôles avec des proches, habituez-vous à ce que ces mots-là soient dans votre bouche et en sortent surtout. Appropriez-vous les mots et donc les idées en les disant, en les répétant, maintes fois. Pratiquez la visualisation (voir l’article sur le courage : http://leader-inspirationnel.be/comment-avoir-du-courage/). Ecrivez au besoin. Ecrivez votre réponse. Une pensée n’est jamais aussi claire que couchée sur le papier. La plume clarifie et structure. Elle ordonne les idées et donc la pensée.

Encore un mot : si quelqu’un vous a extorqué un OUI, que vous êtes frustré de ce OUI, autorisez-vous à dire NON après avoir dit OUI.

Depuis tout petit, on vous a sûrement inculqué cette règle : « quand tu prends un engagement, tu le tiens. » C’est beau. Mais si l’engagement a été mal considéré, pris dans de mauvaises conditions, pire, si l’autre a exercé une pression inélégante pour l’obtenir, dégagez-vous. Vous avez ce droit.

Bon Vol avec les Aigles les Amis, et à très vite.

Fabian

3 actions pour aller plus loin :

  1. Listez les 3 derniers OUI que vous avez offerts en lieu et place de NON et identifiez les raisons qui vous ont poussé à dire OUI plutôt que NON.
  2. Choisissez celui qui vous a coûté le plus et écrivez comment vous auriez pu/dû dire NON à ce moment-là.
  3. S’il est encore temps, écrivez alors comment vous allez revenir sur votre décision, sur votre engagement. Répétez au moins 25 fois la scène, jouez-la avec un proche. Et puis : ALLEZ-Y !

 


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